La thèse « La chorégraphie extensive[1] comme pratique de re(ex)sistence : une potentialité de la corporéité » propose une relation dynamique entre la pratique corporelle et la réflexion afin de s’interroger sur la corporéité comme posture politico-poétique d’existence. Cette thèse analyse comment la mobilisation de la réflexion et l’expérimentation du mouvement à partir de la corporéité révèlent des potentialités du corps ; révèlent un corps en résistance.
La chorégraphie extensive est une promesse d’organisation autre du corps social, différente de celle, hégémonique, qui nous est imposée, pouvant révéler d’autres corporéités et d’autres formes d’être au présent. Faire l’exercice d’un corps réflexif qui co-créé d’espaces-temps où pouvoir exercer d’autres écologies, d’autres savoirs et des autres expériences sensibles à partir du corps et des pratiques de soi.
La question serait alors : comment cette pratique de soi, de nous, dans un espace-temps donné, permettrait-t-elle de révéler une certaine singularité[2] ? Ce qui nous intéresse est la façon dont nous pouvons générer ces formes et ces états d’être : (se) faire, (se) défaire, (se) savoir, cette décolonisation du corps dynamique.
[1] La notion de chorégraphie extensive développé notamment par Xavier Le Roy et par Mårten Spångberg (http://martenspangberg.se/), propose une ouverture à de nouvelles relations entre l’espace, la matière et le temps et envisage les éléments de la chorégraphie, au-delà de la danse et du corps.
[2] Singularité dans le sens utilisé par Agamben quand il s’interroge : « Que serait une communauté sans présupposés, sans conditions d’appartenance, sans identité ? Peut-on imaginer une communauté faite d’hommes qui ne revendiquent pas une identité (être français, rouge, musulman) ? Comment penser désormais une communauté formée par des singularités quelconques, c’est-à-dire parfaitement déterminées, mais sans que jamais un concept ou une propriété puisse leur servir d’identité ? L’être qui vient : ni individuel ni universel, mais quelconque. Singulier mais sans identité. Sa logique : la théorie des ensembles, l’anonymat de l’idée, l’impossibilité radicale d’un métalangage. Son éthique : être seulement sa propre manière d’être, pouvoir uniquement sa propre possibilité ou puissance, faire l’expérience du langage en tant que tel. Sa politique : faire communauté sans présupposés ni conditions d’appartenance, exode irrévocable de l’État, construction d’un corps communicable. » Giorgio Agamben, La communauté qui vient: théorie de la singularité quelconque (Paris: Seuil, 1990).