« Caídas » est un projet de recherche corporelle autour de l’acte de chuter. J’ai choisi la chute comme action de base car elle est un défaut en soi, et une fente qu’érode la dichotomie entre équilibre et instabilité. J’explore cette image de la chute en tant que mouvement primaire , aussi parce que c’est une fissure qui nous questionne sur la violence contemporaine . Néanmoins, la chute est aussi une icône de résistance.
A partir de l’image du corps déchu, comme synthèse visuelle, nous avons développé une mosaïque de situations créées par l’intervention de différents espaces et contextes à travers, par exemple, la répétition d’un emplacement suscité par la chute. C’est dans l’énergie de ce geste, dans ses acceptions les plus simples , que nous cherchons les formes corporelles dans l’intempestif temporel ; les positions sonores que la chair vit ; le paysage d’échos suspendus qui se dessinent dans l’espace ; ainsi que in fine la prise du corps en suspension. La question devient ; quels horizons de lectures le corps, en tant que texte, peut-il provoquer ?
Dans cette expérimentation chorégraphique ce sont les déplacements et précisément « l’entre », (le dialogue corporel entre la perte d’équilibre et le poids de la gravité) où le minimum apparaît qui révèlent l’intimité. Les microtraces qui s’échappent comme un murmure, sont des intervalles qui nous échappent à nous-mêmes, qui nous résistent, et là commence un flux d’énergie propre : le rythme.
Dans ce trajet chorégraphique, les contours se sont établis entre les traces du corps inconnu, et des images corporelles quotidiennes prises avec la matière de chaque jour et jetés tel quel dans l’espace immédiat. Ces résistances, ces confessions gagnent du terrain et prennent corps dans l’accident…
Je cherche dans le geste minimal, dans un simple non-appui la poursuite des interruptions, d’écouter les images qui arrivent, le son qui reste. La répétition de postures, des paysages, passent par une prise de position, le corps où l’on prend des décisions, là-où la négociation de forces a lieu ; le corps-politique. Dans l’effet de tomber il y a plus qu’une ligne droit qui se défait, c’est une trace en mouvement qui nous saisit, dans ses spirales, ses tours et détours qui grattent dans l’espace intime, qui revisite la géométrie émotionnelle.
La chute paradoxalement offre la nécessité de rétablir, par le corps, le contact avec notre position bipède, le trajet á terre est un continuum, une corps en plan-séquence qui expérimente dans un élan les intensités du temps, de l’énergie et de l’espace .
La chute comme mouvement limitrophe qui peut absorber, briser, soupirer, écouler, élargit les lectures corporelles dans une seule image. Dans une séquence nous avons des pertes et des rencontres en continuum, nous avons un rythme, car c’est l’organisation du continu dans le discontinu, une écoute qui prend corps. Le rythme de ces ruptures corpographiques donne d’autres relations, d’autres symboles et pose la question du rôle du corps : comment change-t-il à travers l’image ? Dans « Chutes » nous nous interrogeons sur le corps qui est à la fois le point de départ de l’image-témoin ainsi que la ligne de fuite permettant la déconstruction de l’imaginaire corporel vers un au delà du corps, de l’ex-sistence
Invitations collectives à tomber
Dans cette recherche, j’ai proposé à différentes personnes et/ou collectifs de faire des interventions sur des espaces publics à partir du geste de la chute.
A Saint Maurice-Pellevoisin avec le laboratoire d’expérimentation chorégraphique :
A l’Université de Lille 3 avec des étudiant-es en Arts (séminaire transdisciplinaire) :
A Mexico, à l’Université Autonome Métropolitaine :
A Mexico, avec des étudiant-es de l’Institut National de Beaux Arts :
Cette recherche corporelle a été présenté à la Journée d’études « Images et Corps » organisée par le Musée Rodin et l’Université Cergy Pontoise au Musée Rodin le 6 juin 2014. Vous pouvez consulter le programme ainsi que l’ensemble des communications sur : http://www.musee-rodin.fr/fr/agenda/activite/image-et-corps